Attention.
Ce post parle de traitement du signal.
Merci de votre attention.
Je me suis lancé dans la lecture d'un ouvrage passionnant si vous vous intéressez au son, un bouquin de Greg Milner qui s'appelle Perfecting Sound Forever : une histoire de la musique enregistrée.
Et donc, on y parle chiffons acoustique/électrique, analogique/numérique, vinyles/CD, etc. et inévitablement, en fin de parcours, de la fameuse « loudness war », alias guerre du volume, ou guerre des dB, c'est-à-dire cette tendance actuelle à pousser les compteurs toujours davantage dans le rouge pour ce qui est des niveaux sonores des disques (à grand renfort de compression). Il y a notamment un chouette graphe dans le livre, qui montre très clairement que les Red Hot Chili Peppers ont eu un peu tendance à tomber dans la course aux dB dès qu'ils ont commencé à être produits par Rick Rubin (des différences subtiles de l'ordre de +13 dB entre le premier et le dernier album, j'explique ci-dessous).
Alors certes, Blur n'est pas produit par Rick Rubin (Saint-Caramel nous en garde !), et j'avais dit dans un précédent post que The Magic Whip me paraissait relativement épargné par cette course à la surdité, mais j'ai voulu en avoir le cœur net, mettre tout ça à l'épreuve des chiffres, et tant qu'à faire voir un peu le parcours sonore de Blur à travers les z-âges.
Voici donc mes résultats : le graphe ci-dessous montre pour chacun des albums de Blur le niveau sonore moyen en dB. Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec le décibel, sachez juste que augmenter de 3 dB, c'est grosso modo « jouer deux fois plus fort ». J'ai tout ramené au niveau du premier album, pour voir la progression (c'est pour ça que Leisure est à zéro dB, niveau de référence).
Bon, on voit clairement que le groupe n'échappe malheureusement pas à la tendance. Presque +9 dB entre Leisure et The Magic Whip, soit une impression de 8 fois plus fort à l'oreille. Dur. On note tout de même que 13 fait un peu le ventre mou, je sais pas trop pourquoi... (son esthétique bricolo ?)
Pour la comparaison, j'ai sélectionné huit albums de pop anglaise sortis les mêmes années :
Bon, si on excepte l'éponyme des La's, qui est légèrement moins fort que Leisure (mais aussi je triche un peu car il est sorti l'année d'avant), et le Divine Comedy de 1993 également moins fort que Modern Life (mais là aussi je triche car il est irlandais pas anglais), à part ça, les albums de Blur ont en général été mixés moins fort que la concurrence (bon, pour 1994 c'était peut-être pas un bon choix de comparer au mur du son d'Oasis, la différence fait mal...)
Autre graphe intéressant pour finir : comparaison des niveaux des CD tels que sortis à l'époque, et du rendu remasterisé dans le coffret 21 ; (bleu : CD d'époque, rouge : CD du coffret).
Là, c'est criant, le Stephen Street a bien poussé les ballons lors du remastering pour rattraper la sauce sur les premiers albums. (À partir de l'album orange, je ne suis plus bien sûr que ça ait été vraiment remasterisé.)
En conclusion, je me trompais assez lourdement sur The Magic Whip, il est bel et bien masterisé avec un niveau sonore dans l'air du temps. J'avais vaguement l'impression que c'était plus soft qu'un Jacco Gardner, en fait pas tellement.
Enfin, c'est bien beau tout ça, mais ça reste des chiffres... tant que la musique chañte à nos oreilles, hein...
Blur et la loudness war
- Thib (des Pafnouties)
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Re: Blur et la loudness war
Intéressant tout ça, merci
j'avais l'impression que Leisure était plus fort que MILR, et surtout que c'était TGE qui était le plus victime de cette Loudness War...et en fait pas du tout.
j'avais l'impression que Leisure était plus fort que MILR, et surtout que c'était TGE qui était le plus victime de cette Loudness War...et en fait pas du tout.